vendredi 17 avril 2009

Les Rendez-vous d'avril

SOIREE BELOTE
(EN EQUIPE MONTEE)

VENDREDI 24 Avril à 20 H
inscription souhaitée à la bibliothèque ou au 04/66/83/23/94


La célèbre partie de cartes ( Marius )

Il est neuf heures du soir. dans le petit café,
Escartefigue, Panisse, César et M.Brun
sont assis autour d'une table. Il jouent à la belote
Escartefigue regarde son jeu intensément, et, perplexe, se gratte la tête.
Tous attendent sa décision.

Panisse (impatient) Eh bien quoi ? C'est à toi !
Escartefigue Je le sais bien. Mais j'hésite …(Il se gratte la tête).
César (à Escartefigue) Tu ne vas pas hésiter jusqu'à demain !
M. Brun Allons, capitaine, nous vous attendons !
(Escartefigue se décide soudain. Il prend une carte, lève le bras pour la jeter sur le tapis, puis, brusquement, il la remet dans son jeu.)
Escartefigue C'est que la chose est importante ! (à César) Ils ont trente-deux et nous, combien nous avons ?
César Trente.
M. Brun (sarcastique) Nous allons en trente-quatre.
Panisse C'est ce coup-ci que la partie se gagne ou se perd.
Escartefigue C'est pour ça que je me demande si Panisse coupe à cœur.
César Si tu avais surveillé le jeu, tu le saurais.
Panisse (outré) Eh bien, dis donc, ne vous gênez plus ! Montre-lui ton jeu puisque tu y es !
César Je ne lui montre pas mon jeu. Je ne lui ai donné aucun renseignement.
M. Brun En tous cas, nous jouons à la muette, il est défendu de parler.
Panisse (à César) Et si c'était une partie de championnat, tu serais déjà disqualifié.
César (froid) J'en ai souvent vu des championnats. J'en ai vu plus de dix. Je n'y ai jamais vu une figure comme la tienne.
Panisse Toi, tu es perdu. Les injures de ton agonie ne peuvent pas toucher ton vainqueur.
César Tu es beau. Tu ressembles à la statue de Victor Gélu.
Escartefigue (pensif)
Oui, et je me demande toujours s'il coupe à cœur.
(A la dérobée, César fait un signe qu'Escartefigue ne voit pas, mais que Panisse a surpris.)
Panisse (furieux) Et je te prie de ne pas faire de signes.
César Moi je lui fais des signes ? Je bats la mesure.
Panisse Tu ne dois regarder qu'une seule chose : ton jeu.
Si tu continues à faire des grimaces, je fous les cartes en l'air et je rentre chez moi.
M. Brun Ne vous fâchez pas, Panisse. Ils sont cuits.
Escartefigue Moi, je connais très bien le jeu de belote, et je n'hésiterais pas une seconde si j'avais la certitude que Panisse coupe à cœur.
Panisse Je t'ai déjà dit qu'on ne doit pas parler, même pour dire bonjour à un ami.
Escartefigue Je ne dis bonjour à personne. Je réfléchis à haute voix.
Panisse Eh bien ! Réfléchis en silence … (César continue ses signaux) Et ils se font encore des signes ! Monsieur Brun, surveillez Escartefigue, moi, je surveille César.
(Un silence. Puis César parle sur un ton mélancolique.)
César (à Panisse) Tu te rends compte comme c'est humiliant ce que tu fais là ? Tu me surveilles comme un tricheur. Réellement, ce n'est pas bien de ta part. Non, ce n'est pas bien.
Panisse (presque ému) Allons, César, je t'ai fait de la peine ?
César (très ému) Quand tu me parles sur ce ton, quand tu m'espinches comme si j'étais un scélérat … Je ne dis pas que je vais pleurer, non, mais moralement, tu me fends le cœur.
Panisse Allons, César, ne prends pas ça au tragique !
César (mélancolique) C'est peut-être que sans en avoir l'air, je suis trop sentimental. Escartefigue) A moi, il me fends le cœur. Et à toi, il ne te fait rien ?
Escartefigue (ahuri) Moi, il ne m'a rien dit.
César (Il lève les yeux au ciel) O Bonne Mère ! Vous entendez ça !
(Escartefigue pousse un cri de triomphe. Il vient enfin de comprendre, et il jette une carte sur le tapis. Panisse le regarde, regarde César, puis se lève brusquement, plein de fureur.)
Panisse Est-ce que tu me prends pour un imbécile ? Tu as dit : "Il nous fend le cœur" pour faire comprendre que je coupe à cœur. Et alors, il joue cœur, parbleu !
(César prend un air innocent et surpris.)
Panisse (Il lui jette les cartes au visage) Tiens, les voilà tes cartes, tricheur, hypocrite ! Je ne joue pas avec un Grec ;
siou pas plus fada qué tu, sas ! Foou pas mi prendré per un aoutré !
(Il se frappe la poitrine.) Siou mestré Panisse, et siès pas pron fin per m'aganta !


(Il sort violemment en criant) : "Tu me fends le cœur."



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