lundi 25 mars 2013

Inconnu à cette adresse


Martin Schulse, Allemand et Max Eisenstein, juif Américain, sont associés et tiennent tous eux une galerie de peinture à  San Francisco, la galerie Schulse-Eisenstein. Une forte complicité les unit. Ce sont deux vrais amis, deux frères. Au début des années trente, Martin souhaite rentrer en Allemagne. Ils commencent une correspondance  le 12 novembre 1932. Elle s’achèvera le 3 mars 1934. Les deux amis s’échangeront près d’une vingtaine de lettres.
Les premières lettres sont chaleureuses, passionnées. Puis, en juillet 1933, Max exprime ses doutes et son malaise face à la situation politique en Allemagne .
Qui est cet Adolf Hitler qui semble en voie d’accéder au pouvoir en Allemagne? Ce que je lis sur son compte m’inquiète beaucoup, écrit-il inquiet, à son ami allemand. Martin, qui est fasciné par le dictateur, répond à son ami juif et avoue un mélange d'admiration et de doute : Franchement, Max, je crois qu’à nombre d’égards Hitler est bon pour l’Allemagne, mais je n’en suis pas sûr (…). L’homme électrise littéralement les foules ; il possède une force que seul peut avoir un grand orateur doublé d’un fanatique. Mais je m’interroge : est-il complètement sain d’esprit ?
Un jour pourtant sa décision tombe comme une sentence : Ici en Allemagne, un de ces hommes d'action énergiques, essentiels, est sorti du rang. Et je me rallie à lui.
Une fracture irréversible se crée entre les eux amis ; Martin  demande à son fidèle ami de stopper  leur correspondance, en déclarant : Le Juif est le bouc émissaire universel. Il doit bien y avoir une raison à cela ...
Au nom de leur amitié, Max insiste. Il demande même à Martin d’aider sa petite soeur Griselle, qui est actrice dans un théâtre de Berlin... Quand les lettres qu'il adresse à Griselle lui reviennent, tout bascule irrémédiablement. Max répondra au Mal par le Mal...


1er août 1933. "Tu es un libéral, Martin. Tu vois les choses à long terme. je sais que tu ne peux pas te laisser entraîner dans cette folie par un mouvement populaire qui, aussi fort soit-il, est foncièrement meurtrier."
18 août 1933. "Tu dis que nous persécutons les libéraux, Max, que nous brûlons les livres. Tu devrais te réveiller : est-ce que le chirurgien qui enlève un cancer fait preuve de ce sentimentalisme niais ? Il taille dans le vif, sans états d âme. Oui, nous sommes cruels. La naissance est un acte brutal; notre re-naissance l'est aussi."

2 commentaires:

Anonyme a dit…

je crois qu'il y a une pièce de théâtre à paris en ce moment c'est la même histoire ?

Les picolauso au fil de l'eau a dit…

Oui, c'est bien le même texte....